Les 3 dimanches
22 novembre 2004

Premier dimanche

Un certain dimanche fin octobre, M. Ekida me demande de lui donner un coup de main pour couvrir la fameuse fête des Shichi-go-san (7-5-3) en tant qu'assistant photographe. Je suis flatté par l'offre et j'accepte sans hésiter. La fête en question est l'occasion pour les enfants de 7 5 et 3 ans de remercier les dieux de leur offrir une bonne santé et ils leur demandent leur bénédiction. Le gros de la cérémonie se déroule dans un grand temple mais préalablement les enfants sont habillés dans 4 maisons du voisinage. C'est là que l'autre assistant photographe, Gonzales et moi, entrons en scène. Nous devions prendre en photo les gamins qui sont habillés par leurs parents. J'ai toujours aimé photographier les gamins, ils sont naturels et jouent bien le jeu devant la caméra. Je me suis donc promené entre les 2 maisons qui m'étaient assignées et j'ai pris beaucoup de photos. Pendant la cérémonie, les parents sont beaucoup plus intéressés à voir leur enfant effectuer les rituels que les enfants eux même! La cérémonie est assez simple mais ce qui à surtout retenu mon attention, se sont les somptueux costumes des prêtres. L'autel est aussi très impressionnant avec une grande attention accordée aux détails et richement orné. Il m'avait été indiqué de ne pas m'aventurer sur l'autel car c'est un endroit réservé aux prêtres. Ce fut une expérience fort intéressante, surtout de pouvoir entrer dans les maisons pour assister à l'enfilage des costumes, ce qui est habituellement gardé loin de l'œil des touristes.




Deuxième dimanche


Le dimanche suivant, j'ai accompagné ma classe de jujitsu à une présentation sur les arts martiaux. L'école de mon professeur ou plutôt : les 6 élèves de sa seule classe, allait participer à la présentation en faisant une démonstration des techniques pratiquées. Le tout semblait fort intéressant et j'avais bien sûr, pris soin d'apporter ma caméra. La première heure fut un peu longue, un monsieur témoignait de son expérience en tant que responsable des armes blanches pour le film 'the last samourai'. Oui ça paraît intéressant comme ça, mais c'était un monologue en japonais avec 2 photos et la signature de Tom Cruise… Ensuite 2 écoles de jujitsu ont fait des démonstrations sur les différentes techniques. C'est fascinant de voir avec quelle souplesse ils peuvent faire des roulades sur le sol. Je dois vous parler un peu de mon expérience dans ce cours là. Premièrement je l'ai appris longtemps après avoir commencé le cours mais beaucoup des techniques que j'ai apprises sont utilisées pour se défendre dans un château, où le plafond n'est pas très haut, que notre agresseur ne porte pas de souliers, et bien sûr il porte un dogi (vêtement blanc utilisé dans la plupart des arts martiaux) et pour couronner le tout, il faut qu'il soit assis à coté de moi et qu'il ne bouge pas trop. Si la situation se présente, je peux assez facilement le maîtriser ou lui briser un bras, soyez en averti. Non sans blague il y a des techniques pas mal puissantes, mais ça reste quand même un ensemble de techniques très anciennes qui sont un peu la base pour des arts comme le judo. Comme mon prof a vu que j'étais intéressé au point de vue culturel, il pense à m'inviter lors d'activitées comme ce dimanche. Après les démonstrations de jujitsu vient le tour du pro du katana; l'épée japonaise. Quelques démonstrations de kata et vient ensuite la fameuse séance de coupage de rouleaux de tatamis. Ca c'est vraiment à couper le souffle. Je regarde donc les maîtres s'exécuter devant une foule quand même assez nombreuse, peut-être 70 personnes très silencieuses. Vient alors LE moment de la journée. Mon prof m'appelle, et intrigué, je quitte la foule pour le rejoindre. Il me donne une tape dans le dos et me dit : 'you are the next'. Mon cœur s'arrête. Après quelques instants, il m'explique comment placer mes pieds, respirer, tenir le Katana et hop je me retrouve avec l'autre maître sur la scène, et il m'explique une seconde fois comment me placer afin d'éviter de me blesser. Cette fois-ci c'est un vrai Katana, coupant comme un rasoir. J'ai eu du mal à cacher ma très grande nervosité et la foule était très curieuse de voir comment le seul gaijin (étranger) présent, allait se débrouiller! Sans trop réfléchir, j'ai pris une grande respiration et TCHAK, j'ai passé le test, le rondin est coupé! Je fus le premier surpris. La foule a aimé le spectacle ou était contente pour moi, peu importe je ne vais jamais oublier ces moments. Je ne remercierai jamais assez mon prof de m'avoir offert cette chance unique. On a terminé la soirée dans un resto autour d'une bonne grillade Koréenne très bien arrosé.


Troisième dimanche

Très tôt en ce troisième dimanche matin, Renae et moi allons prêter main forte à un groupe qui s'affaire à nettoyer les plages de l'ouest de l'île de Honshu (l'île principale). Après quelques heures de voiture et un dernier segment sur un chemin qui me rappellait les petites routes à flanc de montagne en Suisse, nous rejoignons le reste du groupe sur une plage loin de toute civilisation. Pourquoi nettoyer cette plage en particulier, et bien le gouvernement à l'intention d'utiliser le site pour construire une centrale nucléaire, une plage propre sera donc un argument supplémentaire aux groupes de protestation qui tente d'empêcher le projet. De plus nous allions manifester pour montrer notre désaccord à la construction de la centrale. Manifester c'est vite dit, parce qu'à part notre petit groupe pacifique de 25 personnes… Il y avait quand même 4 gardes de sécurité qui s'assuraient que tout se déroule comme il faut. C'était quand même comique de voir le gros bonhomme habillé en wannabe policier nous suivre sur la plage alors que nous écoutions les propos d'une experte en flore marine nous expliquer la richesse de la baie, ouain je vois le genre 'au cas qu'il y ait des débordements'. Je dois avouer que j'ai toujours eu un penchant écolo et c'était une excellente occasion de mettre la main à la pâte. J'ai aussi rencontré d'intéressantes personnes, dont ce gars de Okinawa qui m'a fait goûter un genre d'huître ramassé lors de la petite marche (voir photo) et qui m'a enseigner à siffler avec un petit coquillage. Il étudie dans une petite ville pas trop loin, peut-être que j'irais lui rendre visite un jour. Sur le chemin du retour, avec un petit groupe nous sommes arrêtés dans un restaurant génial, il faisait noir et je n'ai pas pu prendre des bonnes photos de l'extérieure mais imaginez… des maisons typiquement japonaises aux portes vitrées, avec une multitude de table aussi bien à l'intérieures que sur le bord de la montagne, avec la forêt illuminée et une très haute chute d'eau, en plus des gros artéfacts japonais de décorations, cloches, lanternes de papier etc. ça valait le détour. La spécialité : un succulent poulet cuit sur une baguette de bambou, un régal. Sur le chemin du retour, j'ai appris le suffixe sugi, avec tabe-sugi, ça signifie ' arrrhg j'ai trop mangé'.


Photos de la fin : Une histoire de pêche à la crevette